CroissancePlus a reçu la semaine dernière Peter Hartz, l’inspirateur des réformes du marché du travail en Allemagne. Pour lui, le recul du chômage repose sur une idée simple : quand on travaille à rendre les entreprises prospères, tout le monde en bénéficie. Schröder expliqua que le profit ne devait ni être vu comme une source d’impôt ni comme le fruit d’une position monopolistique à réduire, mais comme l’origine des emplois durables. Tout en découla. Les syndicats abandonnèrent les idées de lutte des classes et trouvèrent des compromis permettant la bonne marche de l’entreprise. Le monde ayant changé et les consommateurs devenant imprévisibles, il fallait faire preuve de flexibilité ; on imagina le CDI à durée hebdomadaire variable, assorti d’une participation aux résultats. Volkswagen, proche de la faillite en 2000 et en grande forme aujourd’hui, a versé 8.000 euros d’intéressement à ses ouvriers en 2013 !
Il est apparu clair que l’entreprise était un lieu de vie où l’on pouvait progresser ; on s’est donc montré plus exigeant avec les chômeurs qui refusaient les jobs qu’on leur proposait ; on parla de « solidarité exigeante ».
Vinrent enfin les contrats qu’on a qualifiés de « mini-jobs » : leur but était de faire reculer le travail au noir, de structurer le temps partiel et d’aider les gens sans ressources en échange d’un travail (le RSA version allemande). Le public comme le privé purent les utiliser. Les rémunérations n’étaient au départ pas satisfaisantes, mais leur succès dépassa toutes les prévisions: ils sont 9 millions aujourd’hui (bon nombre de détenteurs en cumulent deux) ; le chômage est tombé à 5 % et les entreprises ayant des marges de 45 % plus élevées que les nôtres, on a pu remonter les taux horaires des « mini-jobs ». Les réformes du marché du travail en Allemagne ont permis à nos voisins de sauver leur système social. Pourquoi ne pas faire comme eux ?
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