Quand la performance globale est soumise à la réflexion de trois grands patrons, ça décoiffe…
Q u and on pense performance dans l’entreprise, on pense résultat net ou cash, mais la performance globale, c’est aussi prendre en compte toutes les parties prenantes de l’entreprise, c’est-à-dire les salariés, les clients, les fournisseurs et l’ensemble de la cité », résume Yves Gourlet, président du Centre des jeunes dirigeants (CJD). Autour de lui, deux cents personnes ont pris place pour assister à la « plénière prestige », la seule réunion annuelle du CJD ouverte aux non membres.
Le CJD a travaillé le sujet toute l’année, mais pour cette soirée, ce sont surtout trois invités qui parlent : Xavier Fontanet, ancien PDG d’Essilor, Didier Livio, président-fontateur de Synergence, ancien président national du CJD, et Ludovic Le Goff, président d’ADN.
Et ça décoiffe très vite : « Une charte éthique, c’est stup ide, lâche Didier Livio. Une charte morale, oui, ça se fait, mais une charte éthique ça ne sert à rien. On se retrouve avec des valeurs tellement hautes qu’on ne sait pas quoi en faire. La morale, elle, elle se vit dans les faits. Moi, je n’ai jamais rien écrit, mais tous ceux qui entrent dans l’entreprise la comprennent et la connaissent très vite. »
« Les valeurs de l’entreprise, c’est quelque chose que l’on fait vivre, on en discute avec les salariés régulièrement. On les construit ensemble, ce n’est pas un cabinet qui nous les a imposées et que l’on a affichées à l’entrée pour faire joli », ajoute Ludovic Le Goff.
L’art de placer ses billes
Les organisateurs voulaient du concret, ils en ont. Sur la stratégie, Xavier Fontanet enfonce le clou : « La stratégie, c’est l’art de se débrouiller mieux que les autres. C’est l’art de placer ses billes. » Pour lui, il n’y a pas de recettes, pas de plan à suivre, mais une capacité à s’adapter et surtout à partager. « La stratégie, c’est quand la femme de ménage ne balaie pas, mais qu’elle embellit la maison », ajoute-t-il en insistant sur la nécessité de partager toute orientation stratégique avec l’ensemble du personnel. Pour motiver, mais pas seulement : « Ce qui compte à la tête d’une entreprise, c’est la qualité de l’information. Si vous avez un bon stratège, mais une mauvaise information, vous n’arriverez à rien. Si, en revanche, vous avez une stratégie bien comprise par toute l’entreprise, tout le monde vous apportera les informations nécessaires pour que vous puissiez y arriver. »
Dense, la soirée glisse alors sur les fournisseurs. Pour Xavier Fontanet, aucun doute, il a toujours pris « les leaders » et, avec eux, il a toujours cherché à inscrire sa relation dans la durée et la confiance. Un moyen de s’assurer un service de qualité qui, à la fin, lui a toujours permis de faire la différence avec ses concurrents.
L’art d’être meilleur, c’est d’avoir les meilleurs avec soi ? Didier Livio raconte une anecdote incroyable. Un de ses clients, une grande société qu’il ne peut pas nommer, lui demande un jour le bilan comptable de ses relations avec elle. Avec audit sur place à la clé. Il hésite, il répond et… reçoit finalement un chèque de 40 000 €. « Ils estimaient qu’il fallait qu’on atteigne les 10 % de rentabilité dans leur relation avec eux, pour pouvoir investir, pour innover et pour continuer à bien les servir », témoigne Didier Livio. Un investissement de long terme dont ils sont convaincus qu’il leur bénéficie et qu’il bénéficiera ensuite à leurs clients.
C’est un peu la grande leçon de la soirée : la performance globale, c’est surtout s’assurer que toutes les parties prenantes de l’entreprise sont en capacité d’être performantes.
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